L'inquiétude autour de la chirurgie cardiaque

Que ce soit à cœur battant ou à cœur arrêté, à cœur ouvert ou non, se faire opérer du cœur inquiète beaucoup le patient et son entourage. Le cœur est l’organe noble par excellence, celui qui dans l’esprit des gens représente la vie. Il est lourdement chargé en symbolique et en émotions. 

Lorsque j’ai annoncé à certains patients que je devais les opérer et pour cela arrêter leur cœur le temps du geste, certains m’ont demandé de différer l’intervention le temps qu’ils mettent leurs affaires en ordre, ou encore le temps qu’ils organisent un dernier déjeuner ou diner avec leur famille et leurs amis… Pour beaucoup, la chirurgie cardiaque est synonyme de mortalité. Or la mortalité de la chirurgie cardiaque programmée oscille entre 1 et 2%.

Le risque de mortalité en chirurgie cardiaque programmée

Facteurs de risque liés au patient

Le risque de décès est lié à de multiples facteurs, dont les principaux sont liés au patient (âge, antécédents médico-chirurgicaux), à l’état cardiaque pré-existant (fonction cardiaque altérée, infarctus récent, hypertension artérielle pulmonaire), ainsi qu’à l’intervention (en urgence ou non, plusieurs gestes requis).

 

Utilisation de l'euroscore pour évaluer le risque de mortalité

II permet de calculer le risque de mortalité d’une intervention donnée pour un patient donné. Le calcul de l'euroscore est accessible à partir du site euroscore.org ou en téléchargeant l'application Euroscor sur votre téléphone. Je ne vous conseille pas de le calculer seul (e), car il nécessite une bonne connaissance de votre dossier et de votre état de santé, mais vous pouvez demander à votre cardiologue ou à votre chirurgien de le calculer avec vous et de vous l’expliquer. 

Globalement, pour une chirurgie cardiaque programmée, le risque de mortalité tout âge confondu et toute chirurgie confondue (valve, coronaires) est d’environ 2%. Ce risque augmente bien sûr avec l’âge et les comorbidités (insuffisance rénale, diabète…).

La fragilité comme indicateur de risque

En ce qui concerne l’âge justement, il faut bien faire la différence entre l’âge physiologique et l’âge sur la pièce d’identité. Parfois, un patient de 70 ans peut être très actif, voire sportif, alors qu’un malade de 60 ans peut avoir déjà de lourds antécédents médicaux. Il vaut mieux parler de fragilité que d’âge. 

La fragilité est une vulnérabilité extrême qui conduit à une incapacité physique, mais aussi psychique. Elle est liée au cumul des déclins des fonctions d’organes. Plus la fragilité augmente, plus le risque de mortalité est élevé.

 

Équilibrer le risque et le bénéfice de l'intervention

Il ne faut cependant jamais considérer uniquement ce risque de mortalité. Le fait qu’une intervention vous ait été proposée signifie que la balance bénéfice-risque est en faveur de cette intervention, c'est-à-dire que le risque lié à l’intervention est inférieur au risque de ne rien faire ou de traiter médicalement. Le fait de refuser l’intervention afin de ne pas prendre le risque des 2% de mortalité ne signifie pas que vous allez passer à 0% de mortalité si vous ne vous faites pas opérer. Car votre pathologie cardiaque a elle-même un risque de mortalité si vous ne la traitez pas…

L'importance de la relation de confiance avec l'équipe médicale

Le mieux est de faire confiance à l’équipe qui pose l’indication chirurgicale, et de vous remettre entre leurs mains à partir du moment où une relation de confiance s’est établie. Cette relation est capitale pour la suite. Vous ne devez jamais avoir peur de poser des questions, y répondre à chaque fois que cela est nécessaire fait partie de votre prise en charge. Le but de tout chirurgien est que le patient arrive rassuré et serein au bloc opératoire le jour J.

Chaque patient est particulier. Il y a celui qui s’en remet complètement aux professionnels et ne pose pas de questions. Et il y a celui qui est dans le questionnement permanent et a besoin de comprendre les tenants et les aboutissants de son intervention.

Lorsque l’intervention n’est pas urgente, et si le patient pose beaucoup de questions, je propose souvent un deuxième rendez-vous à distance avant de sauter le pas, si possible avec un membre de la famille.

Par ailleurs, n’ayez jamais peur de prendre un deuxième avis auprès d’un confrère, personne n’en prendra jamais ombrage. C’est à vous de sentir avec qui vous aurez le meilleur contact.

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